Jour 1 : La réalité

Par Emmanuelle Kadz, pédiatre.

a. Maman

Premier réveil en tant que mère. Premier thé ou café en tant que mère…
Le matin, à l’hôpital, ça bosse dur.
Le ballet peut commencer :
Le petit déj, les soins à la maman, les soins au bébé, la visite du pédiatre, la visite du gynéco, parfois de l’anesthésiste, la kiné, la deuxième visite de la sage-femme, le nettoyage de la chambre, la remise à neuf des lits….Sans compter les appels toutes les minutes… quel succès !
Vous, qui avez toujours été autonome et pudique, eh bien là, c’est la claque !
Certes, vous parvenez enfin à bouger, mais pour vous asseoir, c’est déjà si compliqué…
Vos seins sont exhibés, on parle de vos hémorroïdes, de slips jetables et de protège-slips géants…C’est un cap, c’est un cap en effet !

Mais vous l’avez fait ! Avec (ou sans) péridurale.

b. Bébé

Le premier jour d’alimentation :

Après une longue période de sommeil, et parfois quelques soucis digestifs (les régurgitations sont très fréquentes durant les deux premiers jours de la vie), bébé s’est éveillé.

Commence alors l’apprentissage de l’allaitement :
Dix minutes pour l’installer correctement au sein (non ce n’est pas comme accrocher un manteau au portemanteau), trois succions et….il se rendort.
Non pas parce qu’il est repu mais parce qu’il est simplement fatigué.
Vous le réinstallez dans sont lit et il se réveille à nouveau ; alors, vous le reprenez, réessayez tant bien que mal de le remettre au sein (mais l’infirmière est partie)… puis…

Cette période un peu trouble de la mise en route de l’allaitement durera de quarante-huit à septante-deux heures. N’imaginez pas que c’est cela l’allaitement. C’est la MISE EN ROUTE, synonyme de galère de l’allaitement.
Saisissez bien la différence ; cela vous aidera à prendre une décision en cas de doute durant ces premiers jours. En effet, l’allaitement, ce n’est pas cela…

Pour celles qui alimentent au biberon, sachez que le nouveau-né augmentera progressivement les quantités bues. Cela peut commencer par des volumes aussi minimes que 10 à 15 ml. La quantité variera selon son poids, la fréquence des prises et sa tolérance digestive.
Une infirmière vous expliquera comment préparer le biberon et quel type de lait choisir (hypoallergénique (HA) ou non)

Le premier bain :

Il ne se fait plus quotidiennement, et certainement plus en salle d’accouchement car le risque d’hypothermie est réel.

La première fois, une sage-femme vous montrera la marche à suivre

Un conseil, lorsque vous le ferez seule : avant de commencer, préparez bien tout votre matériel et n‘hésitez pas à imaginer (voir mimer) la scène complète avant de commencer.
Ne laissez jamais le bébé sans surveillance et, contrairement à vos habitudes, faites une chose à la fois. Pas de téléphone, pas de distraction !

C’est au moment du bain que l’on relèvera les « paramètres » de votre bébé (poids et température) ainsi que le calendrier des selles et des urines ; que l’on vérifiera sa couleur et que l’on effectuera les soins du nez et du cordon.

c. Papa

Et vous là dedans ? Qui s’occupe de vous? Qui vous a demandé ce que vous ressentiez ? Personne !

Vous essayez tant bien que mal de trouver votre rôle dans cette nouvelle aventure…

Alors, c’est avec bon cœur et enthousiasme que vous amenez ce qui est nécessaire à maman, ramenez les cadeaux, organisez les faire-part, allez chercher le lit du bébé et montez les derniers meubles qui sont enfin arrivés. Surtout, vous soutenez votre compagne parce que tout ça c’est un peu de votre faute… 😉 Vous êtes formidable !

Les nouveaux papas n’ont rien à envier aux générations passées. Ils assument complètement d’être submergés d’émotions, d’avoir peur, d’être maladroits et revendiquent dès les premiers jours leur place au sein du couple mère–enfant.

Membre à part entière de la nouvelle équipe, vous aurez un rôle majeur notamment dans le bon déroulement des visites. Particulièrement au jour 3, lorsque votre compagne pourrait être plus fatiguée ou triste. Vous êtes le gardien de cette chambre et veillerez à ce que les visiteurs restent peu de temps afin de permettre à la maman d’avoir l’intimité nécessaire .

Lorsque la naissance se déroule par césarienne, le papa assumera généralement plus de choses encore (par exemple, le premier bain), bien que le lever des mères à tendance à se faire de plus en plus précocement.

Les nouveaux papas pointent aussi plus volontiers que les mamans les limites de leurs compétences, leurs doutes. Ils osent poser des questions car, contrairement à la pression subliminale qui pèse sur les mamans, les pères ont, en quelque sorte, le « droit » de ne pas savoir. Ils ne sont pas dépositaires de ce fichu « instinct maternel » qui empêche souvent les mères de se sentir libres d’exprimer ouvertement leurs interrogations, leurs doutes et leurs angoisses.